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Déclaration commune de solidarité

Déclaration commune de solidarité

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Nous soussignés sommes un partenariat collaboratif de leaders de réseau en innovation sociale, finance sociale, économie sociale et développement économique communautaire de l’ensemble du Canada. Nous produisons cette déclaration commune afin d’approfondir notre engagement à éradiquer le racisme, la colonisation et l’exclusion dans notre travail et notre secteur.

Reconnaissance

Nous soussignés reconnaissons collectivement que le colonialisme a des racines profondes au Canada et que ses vestiges persistent dans le traitement intolérable fait aux personnes d’origine africaine dans la société. Alors que les questions de racisme systémique sont présentes pour plusieurs personnes qui vivent au Canada, nous reconnaissons les incidents récents et disproportionnellement fatals au sein des communautés autochtones et noires. Nous reconnaissons également les générations d’Afro-Néo-Écossais qui ont résisté à l’oppression isolément dans les Maritimes.

Déclaration commune

Comme collective, nous reconnaissons que la seule position raisonnable à prendre face au racisme est l’antiracisme. Dans notre travail pour l’atteinte de communautés viables et inclusives, nous dénonçons le racisme antinoirs dans chacune des formes malicieuses qu’il prend dans nos communautés, nos organisations et dans les systèmes et institutions du Canada.

Nous sommes aussi engagés à confronter les dispositions économiques qui sont dangereuses et qui concentrent les capitaux et excluent plusieurs personnes qui vivent au Canada. Nous sommes engagés envers l’équité pour l’accès au capital, au partage du pouvoir et à aborder les barrières systémiques qui exacerbent les disparités de richesse.

État du domaine

Entendu que la richesse et la santé des communautés sont étroitement liées, nous appelons au leadership et au contrôle des ressources, des actifs, de la prise de décision et de l’élaboration de politiques par la communauté. Il est clair pour nous qu’à travers le Canada, nous avons de profondes divisions entre les riches, les pauvres et les familles ordinaires. Ce qui est également clair pour nous est que les communautés afro-canadiennes et autochtones ont une gamme riche et texturée d’organisations, d’entreprises sociales et d’entreprises qui nécessitent un accès équitable à des opportunités significatives.

Nous constatons des similitudes dans les visions centrées sur les changements systémiques dans une variété de domaines incluant sans s’y limiter, les innovations menant à des façons nouvelles et améliorées d’organiser les communautés; la démocratisation et la distribution juste de l’activité sociale, politique et économique; ainsi que les modes de vie qui respectent les limites de la planète. Malheureusement, plusieurs d’entre nous constatent aussi des similitudes dans nos lacunes lorsqu’il est question d’inclusion, de diversité, d’équité et d’accès.

Cette période de pandémie où certaines communautés font face à de plus grands défis de soins de santé en raison de systèmes inefficaces s’est entrelacée avec les communautés noires qui s’élèvent encore une fois pour réclamer justice face à la brutalité policière et au racisme institutionnel. Dans ce pays, les peuples autochtones ont survécu à de l’injustice épouvantable, qui a aussi eu pour conséquence des interactions disproportionnellement négatives avec les services sociaux, le système de justice et les soins de santé. Ces dynamiques sont complexes. Elles concernent non seulement le soulèvement actuel, mais elles sont historiques, insidieuses et profondément ancrées dans la société au Canada.

L’innovation sociale, le développement économique communautaire et l’économie sociale prétendent s’attaquer à ces défis en mettant le contrôle et le leadership dans les mains des communautés ellesmêmes. Elles travaillent afin de perturber les anciennes façons de faire pour que les personnes puissent créer de nouvelles organisations, de nouvelles façons de travailler et de nouvelles structures et politiques ensemble.

Nous ne réussirons pas dans ces efforts si nous ne commençons pas de l’intérieur pour aller vers l’extérieur. Nous devons élever le leadership et l’innovation des personnes noires, autochtones et de couleur (BIPOC) et écouter attentivement les histoires et la sagesse qui est partagée. Nous devons examiner et changer concrètement notre propre leadership, nos équipes, nos politiques et pratiques internes, découvrant où nous renforçons les vieux systèmes que nous souhaitons déraciner. Et nous devons exiger que nos partenaires et gouvernements nous accompagnent dans ce travail.

Trois publics clés

À l’Afro-Canadien : nous reconnaissons que vous n’êtes pas représenté dans plusieurs disciplines professionnelles et secteurs malgré votre force et ingéniosité en innovation sociale. Votre absence ici est une erreur que nous souhaitons aborder. Lorsque vous créez de façons incroyables pour fournir des soins communautaires, lorsque vous développez vos propres systèmes pour soutenir des initiatives remarquables, lorsque vous organisez des milliers de personnes qui manifestent et demandent des changements et lorsque vous créez des entreprises florissantes, vous faites preuve de travail énormément innovateur socialement, et ce, trop souvent sans le soutien que vous méritez.

Au gouvernement du Canada : nous avons été impressionnés par l’engagement face à la co-création dans la stratégie émergente d’innovation sociale et de finance sociale, mais nous notons qu’elle ne répond pas à l’inclusion réelle des leaders communautaires innovateurs issus des communautés BIPOC. Nous nous préoccupons aussi que les seuls engagements à ce jour sont pour la préparation à l’investissement et la finance sociale, souvent avec une vision portant sur la croissance telle que comprise sous l’angle de l’investissement financier. Cette approche signifie qu’il y a des pratiques culturelles, des actifs communautaires, des OSBL et des organismes communautaires qui sont essentiels dans plusieurs communautés BIPOC, locales et rurales qui seront probablement négligés ou exclus. Le cadre et les avantages offerts par l’entremise du Programme de préparation à l’investissement et prévus dans le Fonds de finance sociale sont largement fondés sur la capacité de contracter et de repayer des dettes plutôt que sur l’autonomisation de l’innovation sociale sans égard au potentiel d’investissement. Sans une co-création approfondie du modèle avec les communautés BIPOC, nous craignons que des communautés clés soient davantage marginalisées et que la discrimination systémique déjà existante dans les systèmes financiers soit perpétuée. Si tel était le cas, ce modèle entrerait en conflit avec les engagements fédéraux envers Vérité et réconciliation, la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, l’égalité entre les genres et l’action afin de prévenir les changements climatiques. À compter de maintenant, nous demandons donc de prendre en considération l’éventail plus large des recommandations faites par le Groupe directeur chargé de la co-direction de la stratégie ISFS et d’inclure étroitement le leadership BIPOC lorsque vous faites progresser l’écosystème de l’innovation sociale au-delà de la finance sociale. Dans cet esprit de co-création, nous vous incluons ici comme partenaires et nous espérons que vous vous joindrez aussi à nous pour mettre en œuvre rapidement les recommandations suggérées ci-dessous y compris celles qui traitent du Programme de préparation à l’investissement et du Fonds de finance sociale.

À nos collègues leaders et praticiens en innovation sociale, finance sociale, économie sociale et développement économique communautaire, nous espérons que vous vous joindrez à nous pour entreprendre ce processus de réflexion interne et d’action menant à un mouvement antiraciste et décolonisé. Nous espérons que vous diversifierez votre leadership, non seulement à l’interne, mais aussi par rapport aux communautés, voix et initiatives que vous regardez et desquelles vous apprenez. Nous vous implorons d’investir dans votre propre compréhension de l’antioppression et des effets de la colonisation. Tenez compte de cette conscientisation dans vos décisions organisationnelles en vous dissociant d’actions qui ne sont pas explicitement antiracistes. Comprenez quelles actions sont nécessaires afin de décoloniser notre travail et nos processus avec un engagement renouvelé d’investir des fonds et de l’énergie dans ce travail. Changeons nos mentalités, alors que nous reconnaissons que les communautés ont certainement besoin de plus de ressources pour ce travail, reconnaissons que nous avons une mine de connaissances, de liens, de ressources et l’accès à du pouvoir

Actions clés

En réalisant ce travail, nous avons identifié certaines actions que nous pouvons entreprendre dans les mondes reliés de l’innovation sociale, de la finance sociale, de l’économie sociale et du développement économique communautaire. Plus précisément, alors que le Programme de préparation à l’investissement (PPI), le Fonds de finance sociale (FFS) et que l’éventuelle stratégie complète d’innovation sociale/finance sociale se déploie, nous travaillerons sur ce qui suit ;

  1. création d’une réunion ou d’un groupe de travail permanent dans l’écosystème de l’entreprise sociale et de la finance sociale, pour travailler à faire progresser l’inclusion, l’équité et l’accès;
  2. développement d’indicateurs de rendement ainsi que d’outils pour mesurer ce travail que nous croyons qui devrait devenir la norme pour l’ensemble du PPI/FFS et les futures partenaires de programme nonobstant leurs domaines d’intérêt;
  3. élaboration de formation sur l’antiracisme et l’antioppression que nous recommandons devrait devenir la norme pour l’ensemble du PPI/FFS et les futurs partenaires du programme. Pour commencer ceci, nous allons nous procurer une liste de formateurs antiracistes solides des communautés BIPOC afin d’animer ce travail;
  4. élaboration et promotion d’une politique sur la diversité et l’inclusion parmi les partenaires du Programme de préparation à l’investissement et auprès des parties prenantes de l’écosystème

    plus large au sein de leurs organisations respectives;
  5. développement et mise en œuvre d’un intermédiaire spécifique pour la communauté afrocanadienne au sein du Fonds de finance sociale. Ceci devrait être complété par un engagement

    standard et des mesures de rendement applicables pour tous les intermédiaires afin de s’engager dans les diverses communautés;
  6. collaboration pour la création d’un fonds autogéré afin d’engager les personnes traditionnellement sous-représentées qui vivent au Canada dans l’écosystème de la finance sociale et de l’entreprise sociale à l’aide de petites subventions catalytiques et de prêtsnon remboursables.

Alors que nous entreprenons ce travail, nous invitons nos partenaires à se joindre à nous afin de repenser de fond en comble non ce qui est, mais ce qui pourrait être. Solidairement, Les soussignés

signatures of support for joint statement

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1 Tout au long de cette déclaration commune, les termes « noir », « personne d’origine africaine » et « Afro-Néo-Écossais » sont utilisés afin d’assurer l’inclusion et la reconnaissance. Les « Afro-Néo-Écossais » sont nommés et reconnus spécifiquement en raison de l’isolement générationnel et de la méconnaissance de leurs histoires et de leur résilience.

Personne noire est un classement fondé sur la couleur de la peau pour des personnes précises qui ont un teint de brun moyen à foncé. Pas toutes les personnes noires ont la peau foncée; dans certains pays d’Occident , dans des systèmes, souvent sociaux, de classification raciale, le terme « noir » est utilisé pour décrire des personnes qui sont perçues comme ayant la peau foncée comparativement à d’autres populations.

En proclamant cette décennie, la communauté internationale reconnaît que les personnes d’origine africaine représentent un groupe distinct dont les droits de la personne doivent être promus et protégés. Environ 200 millions de personnes qui s’identifient comme étant d’origine africaine vivent dans les Amériques.

Les Néo-Écossais noirs ou Afro-Néo-Écossais sont des Afro-Canadiens dont les ancêtres datent surtout de la période coloniale des États-Unis comme esclaves ou freemen, et qui sont arrivés plus tard en Nouvelle-Écosse, Canada au cours du 18e siècle.