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Témoignages de l’impact de financement de base : Dylott

Photo: Dylott group photo at Black Diplomacy Global Summit event
Témoignages de l’impact de financement de base : Dylott
Quelle est la mission de votre organisme/comment sert-il sa communauté?

La mission de DYLOTT (Developing Young Leaders of Tomorrow Today) est de faire tomber les barrières à la sécurité économiques pour les jeunes et les jeunes professionnel.le.s noir.e.s. Nous nous concentrons sur le développement de relations dans des domaines nichés comme la diplomatie et la cybersécurité afin de défaire les barrières à l’entrée traditionnelles et de saisir des occasions d’emploi.

 

Comment le manque de financement se répercute-t-il sur la capacité de votre organisme à servir sa communauté et à réaliser sa mission?

DYLOTT est un organisme dirigé par des personnes noires, centré sur et rendant service aux communautés noires (B3). Donc, en partant, nous faisons face à une pléthore de forces systémiques qui travaillent à l’encontre de notre mission, soit de répondre spécifiquement aux divers besoins des jeunes et des jeunes professionnel.le.s noir.e.s. Les défis sont d’autant plus grands pour les organismes B3 qui offrent des programmes nouveaux et novateurs qui ne suivent pas la trace des programmes traditionnellement financés. Parmi ces défis : l’absence de relations et le manque de visibilité auprès des bailleurs de fonds ayant les mêmes intérêts, l’obligation de rivaliser avec des organismes plus grands et mieux outillés pour une quantité limitée d’occasions de financement par projet, et cette illusion que les organismes possèdent une infrastructure de base viable alors qu’ils n’ont même pas accès au soutien financier nécessaire pour créer ces capacités.
 
L’absence de financement de base a pour résultat de freiner les possibilités de DYLOTT sur le plan organisationnel et psychologique, mais aussi en ce qui concerne la confiance de la communauté. Le financement par projet crée et nourrit la méfiance du public quant à la capacité d’un organisme de survivre au-delà du projet financé. Il conforte ainsi un discours stéréotypé sur le parcours des entreprises noires. Qui plus est, on reproduit des conditions économiques précaires et appauvrissantes. Autrement dit, les conditions qu’on tente de combattre par la création de l’organisme sont vécues à l’intérieur même de l’organisme. Par conséquent :

  • Des programmes sont retardés ou annulés;
  • La qualité des programmes s’effrite en raison de l’éparpillement des services;
  • La capacité des organismes à servir les communautés noires à proximité est restreinte, tout comme les possibilités de tester l’évolutivité des programmes.
Photo: 3 women
Comment le manque de financement se répercute-t-il sur votre personnel et sur la viabilité de votre organisme?

L’absence persistante de financement de base favorise directement un grand roulement de personnel et parmi les membres du conseil d’administration, ce qui nuit davantage à l’infrastructure dont l’organisme a besoin pour durer. Ainsi, DYLOTT est incapable de maintenir en place une équipe et un conseil d’administration composés de personnes talentueuses, engagées et bien informées, compte tenu de la nature spécialisée de notre programme. Les personnes dans des postes de responsabilité s’épuisent à force de jouer constamment les pompiers et de devoir tout faire, de la prestation de programmes à la collecte de fonds. Ainsi, les risques pour l’organisation s’accentuent et se manifestent par :

  • Une baisse de motivation chaque fois qu’une demande de financement par projet est refusée;
  • L’instabilité et l’imprévisibilité quant au versement des salaires des membres du personnel;
  • Des conditions d’emploi qui n’ont rien de décent et qui empêchent la croissance économique dans les organismes qui servent surtout des femmes et des femmes noir.e.s;
  • L’épuisement mental et physique à force de tenter de saisir chaque occasion de financement de projet afin de pouvoir offrir tous les livrables du programme;
  • L’impossibilité de réaliser la mission et la vision stratégiques de l’organisme en raison d’un horizon de planification de quelques jours ou semaines.

 

Si vous aviez plus de financement de base, que feriez-vous de plus pour poursuivre votre mission?

Du financement de base sans restriction permettrait à DYLOTT d’offrir durabilité, prévisibilité et cohérence aux membres de notre équipe, aux participant.e.s de nos programmes et aux communautés que nous servons. Il nous permettrait aussi de développer, dans un horizon gérable, des aspects secondaires de nos programmes ayant donné des résultats complémentaires positifs. De plus, la diminution de la pression associée au cadre temporel limité du financement par programme nous permettrait de développer d’autres sources de revenus pour l’organisme. Ces sources seraient indépendantes de la volonté politique à laquelle sont soumis les programmes de subvention et les dons.

 

Candies Kotchapaw, Fondatrice et directrice générale
DYLOTT (Toronto, Ontario)