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Témoignages de l’impact de financement de base : Le mouvement jeunesse 4Rs

Photo: 4Rs Youth Movement group photo
Témoignages de l’impact de financement de base : Le mouvement jeunesse 4Rs
Quelle est la mission de votre organisme/comment sert-il sa communauté?

Le mouvement jeunesse 4Rs a pour mission de centrer les besoins des jeunes autochtones ainsi que leur rôle dans le travail de réconciliation au Canada, sur le plan individuel, communautaire et systémique.

 

Comment le manque de financement se répercute-t-il sur la capacité de votre organisme à servir sa communauté et à réaliser sa mission?

Le manque de financement de base signifie qu’au lieu de prioriser les besoins des jeunes autochtones et de leurs communautés, notre travail doit souvent se conformer ou être adapté aux priorités politiques du moment afin d’obtenir du financement et garder notre personnel. Dans le contexte de notre travail, dédié à la réconciliation, cela veut dire que nous reportons la réalisation des appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation, et par le fait même, l’atteinte de justice pour les peuples autochtones. Nous faisons tout notre possible pour protéger notre organisme et les jeunes contre ce cercle de dépendance toxique. Toutefois, comme dirigeante de notre organisme, j’épuise constamment mon énergie à trouver mon chemin dans des systèmes coloniaux, des échéanciers arbitraires, des processus de rapports exploitants et des exigences de financement. Le poste de directrice générale fait rarement partie des dépenses admissibles. Alors, je mets les bouchées doubles pour continuer, pour maintenir l’organisme à flot et pour lui trouver assez de ressources afin d’éviter que mon équipe s’épuise et tombe malade.

4Rs group photo - playful
Photo: 4Rs group photo
Comment le manque de financement se répercute-t-il sur votre personnel et sur la viabilité de votre organisme?

Depuis la création de 4Rs en 2015, nous fonctionnons selon des cycles de financement d’un ou de deux ans, ce qui crée une incertitude énorme autour du renouvellement et la recherche de nouvelles sources de financement. Il est quasiment impossible, dans ces conditions, de planifier quoi que ce soit. Dans les premières années de 4Rs, les « trous » créés par le déploiement des programmes de financement du gouvernement et des fondations faisaient en sorte que je devais renvoyer toute mon équipe et, pendant des mois, travailler comme seule employée d’un organisme avec un mandat national. Une fois le financement obtenu, je passais des mois à former de nouveaux.elles employé.e.s pour leur transmettre les valeurs et la culture de 4Rs jusqu’à l’épuisement des fonds au bout de quelques années. C’était tout le temps à recommencer. Cette réalité a constamment fait planer une aura d’anxiété et d’incertitude au-dessus de notre mouvement et de notre petite équipe. J’ai réussi à créer une équipe incroyable au fil des ans, avec des jeunes brillants et responsables de nos programmes. Sauf qu’ils.elles s’occupent aussi souvent de tâches liées aux activités opérationnelles de l’organisme, p. ex. les communications, les ressources humaines ou les finances, et sont loin de gagner un salaire adéquat. Je suis heureuse quand je vois d’ancien.ne.s membres de l’équipe poursuivre leur carrière dans le secteur public ou dans le milieu philanthropique. Mais, sort de l’ironie, même si je voulais les garder dans mon équipe, je ne serais jamais en mesure de compétitionner avec un poste permanent ou la rémunération qu’offrent les employeurs non autochtones. Les modèles de financement ne tiennent pas compte du fait que l’entretien des principales infrastructures d’un organisme, y compris ses programmes et activités opérationnelles, empêche les organismes dirigés par les Autochtones comme 4Rs de garder leurs employé.e.s et de travailler à créer un secteur de la bienfaisance et à but non lucratif dirigé par les Autochtones.

 

Si vous aviez plus de financement de base, que feriez-vous de plus pour poursuivre votre mission?

Avant tout, cela nous permettrait d’investir plus de temps pour mettre l’accent de notre travail sur le développement de structures de soutien. Une autre priorité serait la réconciliation sous l’angle de la justice axée sur la guérison. Enfin, nous créerons des relations réciproques avec des mouvements qui travaillent pour la justice raciale et la réparation des injustices vécues par des personnes noires et autochtones à l’échelle mondiale. Cela fait plusieurs années que nous rêvons de partir en voyage pour apprendre des jeunes autochtones ailleurs dans le monde (p. ex. Afrique, Aotearoa, Amérique du Sud). Ces jeunes mettent en œuvre des cadres de droits autochtones et pratiquent la réconciliation à leur façon dans leurs communautés et nations.

Jessica Bolduc, Directrice générale
4Rs Youth Movement (Baawaating,  aussi connu sous le nom de Sault Ste. Marie, Ontario)